Encadrement du traitement des données des étrangers en situation régulière : le rappel à l’ordre du Conseil d’État
Publié le :
30/07/2025
30
juillet
juil.
07
2025
Par une décision du 4 juillet 2025 (n° 503717), le Conseil d’État a confirmé la suspension d’une note de service interne à la police nationale qui organisait la transmission systématique de données personnelles relatives à des étrangers en situation régulière. Cette affaire illustre l’exigence d’un strict respect des règles encadrant les traitements de données à caractère personnel, même dans des domaines régaliens comme la sécurité intérieure ou l’immigration.
Une initiative locale sans base légale
À la fin de l’année 2024, le directeur interdépartemental de la police nationale de Loire-Atlantique a diffusé une note de service invitant les services de police à transmettre chaque semaine à la préfecture des fiches nominatives sur les personnes étrangères en situation régulière placées en garde à vue. Ces fiches comportaient des informations sensibles telles que :- l’identité de la personne,
- sa situation administrative au regard du droit au séjour,
- la nature de l’infraction suspectée,
- ses éventuels antécédents judiciaires.
La suspension du juge des référés de Nantes
Saisies par plusieurs associations et syndicats, dont la Ligue des droits de l’homme, le Syndicat des avocats de France et le Syndicat de la magistrature, les juridictions administratives ont été appelées à examiner la légalité de cette pratique.Par une ordonnance du 4 avril 2025, le juge des référés du tribunal administratif de Nantes a suspendu la note en cause, considérant qu’elle organisait un traitement de données à caractère personnel sans respecter les exigences de la loi « Informatique et libertés ». En particulier, le traitement litigieux n’était ni autorisé par un acte réglementaire, ni précédé d’un avis de la CNIL, comme l’exige l’article 31 de la loi du 6 janvier 1978.
La confirmation du Conseil d’État
Saisi d’un pourvoi par le ministre de l’Intérieur, le Conseil d’État a confirmé cette analyse par sa décision du 4 juillet 2025 (n° 503717). Il a jugé que le juge des référés n’avait pas commis d’erreur de droit en suspendant une mesure portant une atteinte grave et manifestement illégale au droit au respect de la vie privée.La Haute juridiction rappelle que toute mise en œuvre par l’État d’un traitement de données personnelles, en particulier portant sur des personnes identifiables et comportant des données sensibles, doit reposer sur un texte réglementaire en bonne et due forme, et être précédée d’un avis de la CNIL.
Un cadre juridique impératif pour les traitements de données
Cette décision illustre une jurisprudence constante du Conseil d’État, qui veille à ce que les traitements de données, même poursuivant des finalités de sécurité ou de coopération administrative, respectent les garanties prévues par la loi. L’absence de base légale suffisante, même dans le cadre d’une simple note de service interne, suffit à justifier la suspension du dispositif.Conclusion
La décision du 4 juillet 2025 marque un rappel fondamental : la protection des données personnelles constitue une exigence constitutionnelle et européenne qui s’impose à toutes les autorités administratives. Le traitement des données concernant des étrangers en situation régulière, en particulier dans un contexte pénal ou administratif, ne peut échapper aux garanties prévues par le législateur. Cette affaire invite les services de l’État à une rigueur accrue dans la conception et la mise en œuvre de tout traitement de données, quels qu’en soient les objectifs poursuivis.Historique
-
Encadrement du traitement des données des étrangers en situation régulière : le rappel à l’ordre du Conseil d’État
Publié le : 30/07/2025 30 juillet juil. 07 2025Droit de l'immigrationPar une décision du 4 juillet 2025 (n° 503717), le Conseil d’État a confirmé la suspension d’une note de service interne à la police nationale qui organisait la transmission systématique de données personnelles relatives à des étrangers en situation régulière. Cette affaire illustre l’exigence d’...
-
Décret n° 2025 648 du 15 juillet 2025 : Vers une naturalisation plus exigeante... ou plus excluante ?
Publié le : 28/07/2025 28 juillet juil. 07 2025Droit de l'immigrationContexte Publié le 15 juillet 2025, le décret n° 2025‑648 modifie en profondeur les conditions d’accès à la nationalité française. Officiellement présenté comme une réforme de "rigueur républicaine", il soulève néanmoins de nombreuses questions sur ses impacts sociaux, son opportunité politique...
-
Rétention administrative : l’appel peut être formé par tout moyen, même par courriel
Publié le : 24/06/2025 24 juin juin 06 2025Droit de l'immigrationL’étranger placé en rétention administrative peut former appel de l’ordonnance de prolongation dans un délai de 24 heures suivant la notification de cette décision. Ce délai est prorogé lorsqu’il expire un samedi, un dimanche ou un jour férié, et l’appel peut être transmis par tout moyen, sans co...Source : www.lemag-juridique.com
-
État-civil - Délivrance du certificat de capacité à mariage - Réponse du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères à une question écrite, à l’Assemblée nationale (Paris, 18 mars 2025)
Publié le : 01/04/2025 01 avril avr. 04 2025Droit de l'immigrationLa loi du 14 novembre 2006 relative au contrôle de la validité des mariages a pour principal objectif de lutter contre les mariages frauduleux célébrés exclusivement à des fins migratoires ou contre les mariages forcés ne reposant pas sur un libre consentement des deux époux...Source : www.diplomatie.gouv.fr
-
Divorce et double nationalité : la Cour de cassation rappelle les règles de compétence internationale
Publié le : 18/02/2025 18 février févr. 02 2025Droit de l'immigrationEn matière de divorce international, la Convention franco-marocaine du 10 août 1981 prévoit que la compétence des juridictions peut être attribuée en fonction de la nationalité des époux ou de leur dernier domicile commun...Source : www.lemag-juridique.com
-
Emploi des étrangers : autorisations de travail et sanction
Publié le : 30/07/2024 30 juillet juil. 07 2024Droit de l'immigrationLe décret n° 2024-814 du 9 juillet 2024 porte application des dispositions de l’article 34 de la loi n° 2024-42 du 26 janvier 2024, qui crée une amende administrative remplaçant les contributions spéciales et forfaitaires, élargit le champ d’application de la sanction aux personnes ayant recours...Source : www.actu-juridique.fr
-
Procédures contentieuses et CNDA : publication de deux décrets de la loi Immigration
Publié le : 23/07/2024 23 juillet juil. 07 2024Droit de l'immigrationDeux décrets d’application de la loi n° 2024-42 du 26 janvier 2024 pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration, relatif à la simplification des règles du contentieux, ont été publiés au Journal officiel du 14 juillet 2024...Source : www.actu-juridique.fr
-
ANEF : le téléservice s'étend largement aux demandes de renouvellement des cartes de résident
Publié le : 16/07/2024 16 juillet juil. 07 2024Droit de l'immigrationA compter du 4 juillet 2024, l'essentiel des demandes de renouvellement des « cartes de résident » délivrées dans le cadre du Ceseda, des accords franco-algérien, franco-tunisien et franco-marocain ou en application d'une des conventions signées par la France avec de nombreux pays africains...Source : www.editions-legislatives.fr
-
Libre circulation des personnes dans l'UE : quelle est la part de la mobilité intra-européenne ?
Publié le : 12/03/2024 12 mars mars 03 2024Droit de l'immigrationDe 4,5% à plus de 11% : la part moyenne des immigrés dans la population des pays européens a plus que doublé depuis 1960. Un tiers des immigrés est d'origine d'un autre pays de l'Union européenne (UE). Les immigrés intracommunautaires sont en moyenne plus qualifiés et plus souvent en emploi ce qu...Source : www.vie-publique.fr